QUI ETAIT CHARLES MESSIER ?

Charles Messier est né le 26 juin 1730 à Badonviller en Meurthe et Moselle. A 21 ans, il quitte sa Lorraine natale et gagne Paris, il deviendra quelques années plus tard chasseur de comètes à l'Observatoire Naval, où l'astronome Joseph Nicolas Delisle le prend sous son aile. Messier subi une congestion cérébrale en 1815 qui le laisse partiellement paralysé, il meurt en 1817, à Paris, à l'âge de 87 ans.

MESSIER ET SON CATALOGUE

A l'époque, Charles Messier ne disposait pas de cartes célestes aussi précises que celles dont on peut disposer aujourd'hui. Le 28 août 1758, lors d'une nuit de "chasse à la comète", Messier tomba par hasard sur une petite tache floue non répertoriée sur ses cartes, à proximité de l'étoile Dzeta de la constellation du Taureau. Il cru d'abord découvrir une nouvelle comète mais remarquant que cette tache ne se déplaçait pas par rapport au fond de ciel environnant, il en conclu qu'il ne s'agissait nullement d'un astre chevelu mais d'un "objet gênant". Ainsi commença le catalogue de Messier. Cette petite tache floue correspond en fait à un rémanent de supernova bien connu aujourd'hui et communément appelée la nébuleuse du Crabe.

En 1765, Messier avait déjà catalogué 41 de ces objets gênants dont seulement 17 étaient réellement ses propres découvertes. Les autres ayant été mentionnés par d'autres astronomes. Messier, voulant arrondir le nombre d'objets de sa liste avant de la publier décida d'y ajouter des objets aisément visibles à l'oeil nu. C'est comme cela que la nébuleuse d'Orion (M42 et M43), l'amas de la Crèche, (M44) et les Pléiades (M45) se retrouvèrent mentionnés dans sa liste. Pour l'anecdote, seulement quelques jours après avoir soumis sa liste de 45 objets en février 1771, Messier avait déjà découvert 4 nouveaux amas.

Messier avait catalogué un total de 68 entrées en avril 1780. De ces nouveaux objets, la majeure partie avait déjà été découverte par des astronomes contemporains de Charles Messier. Entre autres, son collègue Pierre Méchain en découvrit 32 entre 1780 et 1781.

Le 13 avril 1781, Messier découvrit son 100ème objet et décida de s'arrêter ainsi sur ce nombre rond. Mais il changea d'avis très vite pour incorporer à son catalogue trois objets observés par Méchain. La version finale contenait donc 103 objets et a été publiée dans "Connaissance des Temps" en 1784.

En 1921, Camille Flammarion découvre des anciennes notes de Charles Messier qui mentionnent un objet dans la Vièrge. Cet objet, 104 ans après la mort de ce dernier, deviendra le 104ème objet du catalogue Messier.

En 1947, une astronome canadienne, Helen Sawyer Hogg propose d'ajouter 3 nouveaux objets, découverts à l'époque par Méchain. Ces objets deviendront M105, M106 et M107. Peu de temps après, un historien, Owen Gingerich, suggère d'ajouter une nouvelle fois deux galaxies de la Grande Ourse mentionnées dans le manuscrit original de Charles Messier : les 108ème et 109ème objets.

Et enfin, en 1966, Kenneth Gly Jones, remarque dans la description de la galaxie d'Andromède faite par Messier qu'il est fait mention de deux nébulosités. L'une a été cataloguée : M32, mais pas la seconde... le mal est réparé, voici M110 :o)

LES BIZARRERIES DU CATALOGUE

Hé non, Messier, aussi illustre soit il, n'était pas parfait. Plusieurs erreurs sont à noter au sujet de son prestigieux catalogue.

M40 tout d'abord, n'est en fait qu'une étoile double tout à fait banale. C'est l'astronome Johann Hévelius qui l'a observée pour la première fois et qui y a vu une nébulosité environnante. Messier l'a ensuite observée sans pour autant voir la nébuleuse décrite, mais l'a tout de même inscrite dans son catalogue. Cette nébuleuse était sans doute due à la mauvaise qualité des instruments optiques de l'époque.

M73 n'est qu'un petit astérisme de quatre étoiles visible dans la constellation du Verseau. Au premier coup d'oeil et à faible grossissement, il pourrait en effet avoir un aspect nébuleux.

M47 était manquant. En effet, aucune nébuleuse, ni aucun amas n'était visible aux coordonnées indiquées par Messier. En 1934, Oswald Thomas suggère que M47 est en fait NGC 2422, un bel amas ouvert lumineux de la constellation de la Poupe. En 1959, un éminent membre de la Société Royale d'Astronomie du Canada, le Dr. Morris, arrive à la même conclusion. Il découvre qu'en inversant la déclinaison et l'ascension droite en partant de l'étoile 2 Puppis, on tombe sur NGC 2422. Messier aurait donc fait une petite erreur d'inattention :o)

M48 était lui aussi manquant. Les mêmes protagonistes que pour M47 pensent que M48 est en fait NGC 2548 qui est sur la même ascension droite que ce qu'avait indiqué Charles Messier.

Les coordonnées données par Messier pour M91 étaient elles aussi inexactes. M91 étant situé dans l'amas de galaxies de la Vièrge, il existe un grand nombre de candidats pouvant correspondre à M91. Certains pensaient qu'il s'agissait en fait de NGC 4571, petite galaxie de magnitude 12 mais cet objet était sans doute trop faible pour que Messier ai pu le détecter. D'autres, comme Gingerich pensaient que M91 n'était qu'une duplication de M58. Finalement, en 1969, un astronome amateur Texan, Williams, a suggéré que Messier avait pris M89 comme référence pour établir les coordonnées de M91 et non pas M58. NGC 4548 est donc M91.

Le cas de M102 est sans doute le plus curieux. Cette galaxie située dans la Grande Ourse a été observée par Méchain mais n'a jamais été confirmée et vérifiée. Il semblerait que Méchain lui même ait remarqué à l'époque qu'il s'agissait d'un doublon du 101ème objet de Messier situé dans cette même zone du ciel. Il avait alors expliqué cette erreur dans une lettre publiée en 1786. Lettre qui est longtemps restée ignorée par des générations d'astronomes. Il n'y a donc que 109 objets au catalogue Messier.

LES OBJETS DE MESSIER

LE MARATHON DE MESSIER

Au mois de mars, durant les deux ou trois nuits entourant la Nouvelle Lune la plus proche du printemps, il est possible d'observer les 109 objets du catalogue Messier en une seule nuit ! Ce "marathon" astronomique nous vient d'outre atlantique, les américains ayant tout de même parfois de bonnes idées :o) Les nombreux utilisateurs de télescopes Dobson au pays de l'oncle Sam en profitaient chaque année pour réaliser une petite compétition amicale. C'était à celui qui observait le plus d'objets le plus rapidement possible...

Ce petit défi est désormais pratiqué en France. Bien sûr, nombre d'astronomes amateurs profitent aujourd'hui des systèmes goto pour observer tous les Messier... Mais c'est de la TRICHE ! :o) Le véritable défi est de dénicher la totalité des objets de Messier sans aide informatique ou électronique, et pour ce faire, le Dobson est idéal ! Heureux possesseur de ce type d'instrument depuis quelques années déjà, je n'ai malheureusement jamais pu réaliser le marathon de Messier dans sa totalité, les nuits les plus propices ayant été jusque maintenant les plus capricieuses au niveau météo ;o( Pour la petite histoire, mon record personnel s'élève à 55 objets, observés lors d'une courte nuit de juin.

Avant de se lancer dans l'aventure, il est indispensable de préparer sa nuit d'observation et d'établir un ordre, les différents objets de Messier n'étant pas visibles en même temps et durant toute la nuit, certains sont déjà en train de se coucher tandis que d'autres ne sont pas encore levés etc... L'observation se fait globalement d'ouest en est. L'ordre si dessous n'est qu'une ligne directrice, il peut varier en fonction des sites d'observations et pourquoi pas des préférences de l'observateur.